Détails de la construction de l’aqueduc romain de Ségovie
L’édification d’un ouvrage d’une telle ampleur a demandé beaucoup d’ingéniosité à l’époque. Le manque de moyens était compensé par le savoir et l’habileté.
Pour la construction, les Romains utilisaient de solides échafaudages. Ces structures soutenaient le faux-plancher, dans lequel ils inséraient les voussoirs des arcs, dont la pierre centrale devait être parfaitement taillée en forme de coin pour exercer une pression suffisante.
Ils ont dû marquer des doubles trous, encore visibles aujourd’hui à l’extrémité de chaque pierre de granit. Pour les soulever, ils utilisaient un grand nombre de pinces métalliques qui se refermaient lorsqu’on les tirait vers le haut et se resserraient sous l’effet du poids de la pierre elle-même.
Les pierres de taille étaient placées à faible hauteur ou sous le sol. Elles étaient mises en place et transportées directement à leur emplacement définitif en les déplaçant sur des rouleaux en chêne vert. Elles étaient ensuite traînées sur de petites rampes en bois, soutenues par des échafaudages ou déplacées par la force des animaux de trait.
« Il ne suffit pas d’avoir de l’ingéniosité, l’essentiel est de bien l’appliquer » -René Descartes-
Travailler en hauteur
Si la hauteur à laquelle on opérait était supérieure à la taille d’un homme, on utilisait des roues de levage de taille considérable. Elles étaient actionnées par des esclaves qui tournaient un axe sur lequel était enroulée la corde de chanvre qui, par un système de poulies, permettait de soulever les pierres de taille.
Sur l’échafaudage, un autre groupe d’ouvriers était chargé de se positionner au bon endroit, en ajustant les pierres de taille à l’aide de leviers. Au même endroit, le tailleur de pierre était celui qui terminait le travail en taillant et sculptant les faces de chaque pierre.
Sur certaines pierres, on peut également voir les fissures dans lesquelles sont insérés les coins de bois. Ceux-ci étaient enfoncés avec de l’eau lorsqu’il fallait réaliser des coupes parfaites dans le granit.
On peut constater que l’aqueduc romain de Ségovie est plus large à la base. Elle diminue ensuite au fur et à mesure que la hauteur augmente. Il s’agit d’une solution assez ingénieuse qui lui permet de supporter son propre poids.
L’assemblage des pierres de taille appelé « opus quadrata » se fait sans mortier, ni plomb, ni ciment. En d’autres termes, ces pierres de taille sont assemblées en étudiant parfaitement la poussée des pierres.
Emplacement de l’aqueduc romain de Ségovie
L’aqueduc de Ségovie est chargé d’acheminer l’eau de la source Fuenfría. Il est situé dans les montagnes voisines, à 17 kilomètres de la ville, au lieu-dit La Acebeda. De là, il parcourt plus de 15 kilomètres avant d’arriver à Ségovie.
Le parcours
L’eau est d’abord recueillie dans une citerne appelée « El Caserón« . Elle est ensuite acheminée par un canal en pierre de taille jusqu’à une deuxième tour, appelée « Casa de Aguas ». Elle y est décantée et désensablée avant de poursuivre son chemin.
Elle parcourt ensuite 813 mètres, sur une pente de 1 %, jusqu’au sommet du Postigo. Il s’agit d’un éperon rocheux sur lequel Ségovie a été construite autour du célèbre Alcazar. Avant cela, sur la Plaza de Día Sanz, il fait un virage serré et se dirige vers la Plaza del Azoguejo, en comblant la dépression par une arche, d’où l’on peut voir toute la splendeur du monument.
L’aqueduc
À son point le plus haut, il mesure 28 mètres. Il y a 6 mètres de fondations et deux ordres d’arcs sur piliers, soit 167 arcs.
Comme vous pouvez le constater, l’aqueduc de Ségovie est une grande œuvre d’ingénierie qui est un exemple vivant de ce que les Romains pouvaient faire. Aujourd’hui encore, nous sommes impressionnés par la qualité de sa construction et la durabilité de ses matériaux.
C’est une leçon d’architecture sur la façon de combiner beauté et utilité que les Romains nous ont donnée. La ville castillane en a profité, puisqu’elle est, avec l’Alcazar, l’un des principaux symboles de Ségovie.
Le soin apporté aujourd’hui au respect de l’aqueduc ne l’était pas dans le passé. C’est pourquoi le fait qu’il ait souffert de guerres et de conflits rend encore plus précieux le fait qu’il ait été préservé. Les amateurs d’art et d’histoire devraient sans aucun doute s’en réjouir.
